En une seule semaine, le Liban a emprunté un chemin étrange : un pas vers l’espoir, un pas vers la peur. Comme si le pays se tenait au bord d’une falaise, attendant une brise qui pourrait soit le guider… soit le renverser. Entre le 28 novembre et le 3 décembre 2025, les voix de la messe se sont mêlées à l’écho des frappes aériennes, et la scène s’est divisée entre une lumière venue de Rome et l’ombre d’une guerre suspendue au-dessus du Sud.
La visite du pape Léon XIV au Liban a été l’événement majeur. Son apparition à Beyrouth portait un souffle de paix que le pays attendait depuis longtemps. Il a marché parmi le peuple comme s’il recueillait la fatigue des années, et s’est tenu aux côtés des responsables religieux et politiques pour parler de réconciliation et de miséricorde, à un moment où le pays avait besoin d’être rassuré bien plus que de plans économiques. Sa visite au sanctuaire de Saint Charbel, et la grande messe célébrée sur le littoral de Beyrouth, ont fait ressentir aux Libanais—l’espace d’un instant—qu’il existe encore quelque chose de plus grand que la politique capable de les unir. Un message spirituel, mais avec un ton ferme : « Sans paix… pas d’avenir. »
Mais de l’autre côté, le Sud entendait une tout autre musique. Les frappes israéliennes ne se sont pas arrêtées, et l’état d’alerte sécuritaire est resté constant. Les avions au-dessus des villages, les habitants craignant de rentrer chez eux, et la peur permanente d’une escalade soudaine—tout cela a rappelé aux Libanais que le cessez-le-feu était fragile comme du verre. La politique internationale ne fait pas de cadeaux, et les tensions régionales laissent leur empreinte sur les frontières et sur le quotidien.
Les médias libanais se sont retrouvés sur la ligne de fracture entre ces deux réalités : entre des images du pape agenouillé en prière, et celles de fumée s’élevant des localités du Sud. Une contradiction brutale, mais devenue familière pour les Libanais : tracer l’espoir de demain d’une main, et se préparer au danger de l’autre.
Durant cette semaine, le Liban a porté deux visages : l’un en quête de la miséricorde du ciel, l’autre rappelant que la terre sous ses pieds reste incertaine. Et pourtant, le pays continue d’avancer—simplement parce qu’il n’a jamais appris à s’arrêter.
